FW190 BLAGNAC
DEUX CHASSEURS ALLEMANDS S'ECRASENT EN 1943
photo 1
Toulouse, 28 Juin 1943.
Deux Focke Wulf 190 A (photo 1) s'alignent sur la piste de Blagnac pour un vol d'entrainement.
photo 2La « Jagdgruppe Ost » (escadre de chasse allemande) est basée sur ce terrain pour défendre du Sud de la France contre les incursions des avions alliés et pour peaufiner l'entrainement des pilotes de la Luftwaffe, avant qu'ils ne partent sur le front de l'Est.
Ces vols d'entrainement sont fréquents mais parfois se terminent mal: accidents et crashs se produisent régulièrement : des Focke Wulf se sont déjà écrasés à la fontaine de Purpan, au château de Soume, et en bien d'autres endroits encore.
Helmut Braun et Herbert Wilms sont les pilotes ce matin. L'un est l'instructeur, l'autre l'élève.
Les deux avions décollent. Ils tournent l'un autour de l'autre (photo 2). Ils volent tout près l'un de l'autre. Trop près. Ils s'accrochent en vol. Leurs avions hors de contrôle, les pilotes sautent en parachute mais aucun des deux parachutes ne se déploie et les pilotes se tuent.
Les avions s'écrasent eux aussi, l'un sur la piste, l'autre en bordure du terrain.
Paul Petit, 19 ans a tout vu : il s'approche d'un cratère fumant. Le chaume brule. Paul avance ensuite vers les bois, au bord du terrain. Tout à coup, il remarque du sang par terre. Il lève la tête et il voit le corps de l'un des deux pilotes, dans un arbre. Son portefeuille a glissé du blouson et une photo dépasse : on y voit le pilote avec son amie, devant un bombardier. Des soldats allemands arrivent, Paul les prévient. Ils portent une caisse en bois blanc qui servira de cercueil. Ils la garnissent de gerbes de blés (nous sommes à l'époque de la moisson) et ils déposent le corps du pilote à l'intérieur.
Ces souvenirs sont gravés à jamais dans la mémoire de Paul.
Blagnac, Mars 2009 : je marche derrière Paul. Nous sommes derrière la chaine de fabrication des Airbus A330 / 340 et pas très loin du centre de livraison de ces avions. Paul m'emmène vers des buissons et des sous bois en friche. Je suis Paul qui tient devant lui une baguette de coudrier en forme de fourche. Avec ses talents de sourcier, et cette baguette, il recherche le lieu du crash.
Sincérement, ce dimanche matin, je me demande ce que je fais dans ce sous-bois à suivre Paul, avec sa baguette, à la recherche d'un vestige improbable d'avion allemand. En clair, je n'y crois pas beaucoup.
Paul s'arrête tout à coup devant des arbustes (photo 3) : « c'est là ».
Incrédule, je m'avance. Allons-nous trouver quelque chose ?
Paul se penche en avant, se baisse et se relève, un morceau de métal à la main.
Incroyable, c'est proprement incroyable : Paul a dans la main un arceau de verrière de Focke Wulf. (Photo 4); C'est là, Paul a retrouvé l'emplacement du crash du Focke Wulf.
Commence alors la chasse aux fragments. Paul m'explique que l'avion a percuté le sol quasi verticalement. Une aile dépassait du trou, elle a été évacuée rapidement. Paul, Lui, avait réussi à dégager une pale d'hélice qui sortait partiellement de la terre. « Elle pesait bien trente kilos, je l'ai mise dans mon jardin, mais on me l'a volée après la guerre, surement des ferrailleurs qui voulaient récupérer le métal ! ».
Nous trouvons quelques fragments (photo 5) mais relativement peu. Sur un verrou de trappe: des marquages de fabrication (photo 6 et 7). Sur un composant de l'échappement du moteur, le nom du fabricant (Eberspächer) et une référence au type du moteur BMW801 (photo 8). Enfin, sur un fragment de tôle pliée comme du papier à cigarette, on distingue encore quelques touches de la peinture verte du camouflage de l'époque (photo 9). L'état de ces fragments parle et laisse entrevoir la violence du choc. L'avion a dû s'enfoncer très profondément dans le sol ;
Le moteur doit encore se trouver enfoui. Il est classique dans le cas de tels crashs, de retrouver le moteur sous quatre ou cinq mètres de terre. Mais pour l'extraire, il faut une vraie expédition. Pourquoi pas ? Mais bon, nous ferons cela une autre fois...
A bientôt.
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